Il était une fois, dans les profondeurs de la forêt suédoise, où la lumière ne venait que rarement fondre la neige déposée sur le sol, un homme qui s'appelait Quorthon. On le disait adepte de l'occulte, pratiquant la magie noire, vénérant une image mythique de la vielle Europe, la sanglante comtesse Bathory. Personne ne l'avait jamais vu, on ne savait rien de sa façon de vivre, mais il faisait peur...

Oui, Quorthon, et son entité Bathory, était baigné d'une aura mystique, en 84 (il n'avait alors que 18 ans !) quand il proposa son premier album. Pensez donc, un tel déferlement de haine sonore, deux avant le Reign In Blood de Slayer, c'était du jamais vu. Il repoussait les limites de l'extrême, créant d'ailleurs un nouveau genre, le Metal ... Extrême, justement. S'il partage la paternité de ce courant avec des groupes du nouveau Monde, Bathory va développer une imagerie, des thèmes, une sonorité unique, qui va le démarquer non seulement de la scène Thrash, mais aussi de la scène Death en devenir.

L'album est donc résolument occulte, avec la voix de Quorthon, écorché, malsaine, les guitares tissent des mélodies simple, résolument speed et agressive. Le son, par manque de moyen (et qui deviendra un choix de production pour les très nombreux rejetons du groupe) est crade, bourré de reverb, lui donnant un aspect crasseux de rock garage. Le tout renforçant la violence inouïe pour l'époque, et l'atmosphère malsaine de cette oeuvre occulte.

Avec des années d'avances, cet album pose les jalons du Black Metal, le côté obscure du Metal Extrême. Genre que Quorthon peaufinera sur les deux albums suivants, lui apportant tout ses piliers, que ce soit dans la musique ou dans l'imagerie.

Pour toute ces raisons, il est difficile d'évaluer ce disque objectivement, sans prendre en compte son impact. On retrouvera des oeuvres bien plus aboutit dans le genre, dans les années qui suivront, dont certaines seront signées par le maître Quorthon lui même. Mais l'album, même s'il est assez vieillot dans sa production, est bon, et contient quelques hymnes des plus percutants, comme les violents Sacrifice et War, ou le lourd et sombre Raise the Dead. Cet album ne vaut donc pas que pour sa valeur historique, mais aussi pour la qualité de sa musique. C'est ainsi que débute la grande histoire du Black Metal.

Le 29/11/2009 par Irksome Dragon - 7/10