1. Lost In Moments
2. Porn Piece Or The Scars Of Cold Kisses
3. Hallways Of Always
4. Tomorrow Never Knows
5. The Future Sound Of Music
6. We Are The Dead
7. Dead City Centre
8. Catalept
9. Nowhere/Catastrophe
Cristophorus G. Rygg – Chant, Synthé,
Tore Ylwizaker – Synthé, Piano, Bass
Håvard Jørgensen – Guitare éléctrique
Ivar H. Johansen - Batterie
Kåre J. Pedersen - Batterie
Rolf Erik Nystrøm - Saxophone
Øystein Moe - Basse
Avant d'entamer une chronique de ce Cd, une petite biographie du groupe, pour souligné certaine de ces particularités, me semble indispensable. Formé en 1993, le groupe se fait rapidement connaître avec son premier opus, Bergtatt, proposant un Black Metal racé. Leur seconde production, un album acoustique, démontrera qu'Ulver n'aime pas rester cantonné à un genre, aimant explorer de nouvelle piste. L'album suivant, Nattens Madrigall est l'un des albums les plus haineux qu'ait produit la scène Black Scandinave. En 3 albums, par leurs talents et leurs compositions originales, Ulver c'est déjà imposé comme un pilier de cette scène. Mais voilà, après un Themes From William Blake's The Marriage of Heaven and Hell (désolé pour le titre à rallonge) qui mariait des éléments électro à une musique encore Metal, Ulver abandonne totalement ses racines, pour nous proposer Perdition City ! Quel contre pied ! Amis chevelu intolérant, passez votre chemin, Ulver à définitivement tourné la page du Black Metal.
Dès les premières notes, l'auditeur est frappé par une rythmique agressive, et aux sonorités déjà très électro, comme s'il fallait nous indiquer d'emblé dans quoi nous mettions les pieds (où les oreilles). Mais le tout se calme rapidement, pour laisser place à un air de Saxo d'une pureté incroyable, d'une beauté réellement transcendante, élevant ce Lost in Moments aux panthéon de la musique. Une oeuvre réellement troublante et pénétrante. Le final grandiose surprendra à la première écoute. Le tout baigné dans une ambiance ouaté qui ne quittera plus l'oeuvre, et qui constituera sa marque de fabrique. En fermant les yeux, on se croirait en train de flâner dans une ville, recouvert d'un brouillard hivernal, adoucissant les lumières des lampadaires, qui deviennent comme autant d'étoiles dans le ciel obscure de minuit. Une ville futuriste, qui ne tardera pas à dévoiler sa gangrène qui le ronge. Car si l'album est beau, il reste emprunt d'une noirceur, dernier vestige de la première carrière du groupe.
Voilà tout ce que suggère cette "musique pour un film intérieur", sous titre de l'oeuvre (Music to an Anterior Film). Ulver qui a déjà composé des musiques de films, cette fois ci nous propose de créer notre propre histoire, et il nous en donne les moyens à l'aide de morceaux si expressifs.
On n'atteindra plus la qualité de ce Lost in Moments, qui ouvre l'album de presque trop belle manière. Mais la suite reste d'un très haut standing, à l'image de Porn Piece of the Scars of Cold Kisses en deux parties, la seconde plus « pop », où Kristoffer Rygg membre fondateur du groupe, abandonne ses chuchotements pour se mettre à réellement chanter, nous faisant regretter de ne pas plus l'entendre.
L'album dans sa froide noirceur, dans ce désespoir rodant, nous propose malgré tout une étonnante diversité. On est loin de certaines productions électro, au ambiance metallique, le son est ici organique, porté par des instruments plus classiques, comme le Piano, et son jeu tout en sobriété dans Hallways of Always, où ce Saxo qui, outre la première chanson évoqué, apparaît dans l'angoissant Dead City Centres – on en aurait aimé plus, mais il sait se faire désiré – où la Batterie, présente de façon discrète tout au long de l'oeuvre. Le tout donnant une teinte Jazz évidente aux morceaux.
On pourrait aussi évoquer The Future Sound Of Music, chanson hommage aux groupes The Future Sound of London, avec son puissant final, où le ronflant Tomorrow Never Knows, et sa rythmique hip hop. L'album se termine par ce qui pourrait être un «single», le pop Nowhere/Catastrophe, presque anecdotique devant tant d'originalité et de qualité.
Ulver signe avec Perdition City, un chef d'oeuvre, et une reconversion plus que réussi. Je terminerais cette chronique, par ces conseils d'écoutes qui sont indiqués au dos de la pochette, et qui me semble très judicieux : « This is music for the station before and after sleep, Headphones and darkness recommended ».
Lost in Moments - Clip non officiel, version courte.