Sans passer pour l'extrémiste de base, Behemoth est une sacrée déception. Voilà, c'est dit, et en une ligne, je me suis fait un gros paquet d'ennemis, qui vont sans doute bruler ma poupée vaudou et me promettre 666 tourments... Behemoth est un groupe Polonais de... voilà le problème. Behemoth faisait du Black Metal, sans grand moyen, ils proposaient une musique prometteuse, pleine de rage et de conviction. Les ambiances étaient délicieusement occultes, et Behemoth était devenu le fer de lance du Black Metal underground polonais (si si, cette scène existe). Mais voilà, la Pologne est l'un des grands pays d'Europe en matière de Death Metal (Vader, Atrophia Red Sun (rah ce Twisted Logic), Trauma, Decapited...), et Behemoth décidera de retourner sa veste, et de faire comme ses petits voisins (bon je caricature, je ne connais pas les motivations profondes du groupe). Behemoth est donc devenu une sommité du milieu, une des références du Death Metal froid et sans âme. Nergal (je lui souhaite un bon rétablissement au passage) pour assurer ce nouveau statut cachera son manque de coffre à coup d'effet. Mais en concert, ça ne pardonne pas, et toute l'envie du monde ne lui suffit pas à insuffler à son chant la profondeur nécessaire à ce genre de musique.

Si je vous raconte tout cela, c'est que ce Satanica est à la croisée des chemins. On sent la volonté du groupe de passer la vitesse supérieur. La production est excellente, la musique se complexifie, et le Black Metal, encore ressenti dans certains morceaux, surtout au niveau d'ambiance sombre, disparaît pour laisser place à un Death chirurgical. C'est précis, souvent impressionnant (le batteur martèle les futs avec une énergie et une vitesse plus que respectable), les structures sont complexes, mais la sauce ne prend pas, il manque ce supplément d'âme*.

Ne nous y trompons pas, cet album n'est pas désagréable, mais il ne marque pas. Les 6 chansons centrales ne se démarquent pas les unes des autres.

On ne retiendra que Decade of Oepion, sympathique chanson au refrain très accrocheur, et surtout la monumentale Chant for Esxhaton 2000, dont l'intro tout en progression est un modèle d'efficacité, et qui pour le coup retrouve son âme occulte pour nous prendre aux tripes et ne plus nous lâcher. De quoi finir sur une excellente note.

Ce Satanica n'est donc pas un mauvais album, loin de là, il ravira même les fans de Death Metal, qui se délecteront encore plus de la suite de la carrière, qui offrira un niveau de maitrise encore plus impressionnant. Les fans de la première heure pourront encore se rattacher à cet album qui ne manque pas d'atouts, la suite n'est pas fait pour eux, ou en tout cas pour moi.

* Rien de plus subjectif que la notion d'âme en musique, mais une chronique, ne nous le cachons pas, est forcement subjective. D'ailleurs, la suite de la carrière de Behemoth enchante beaucoup de personnes, ils maitrisent parfaitement leur sujet, c'est une question de sensibilité. 

Le 20/03/2011 par Irksome Dragon - 6/10