La reformation de Cynic en 2007 fut l'effet d'une bombe dans le petit monde du Death Technique. Groupe légendaire du début des années 90, ses musiciens s'étaient séparés peu après la sortie de leur unique album, Focus, laissant orphelin une scène exigeante qui pensait avoir trouvé là son messie.

Après une série de concert, dont un passage en France, lors du Hellfest, où ils ne se montrèrent pas dans une forme olympique, les inquiétudes l'emportaient sur l'excitation. Beaucoup doutaient en la capacité de Cynic à sortir un grand album

En 15 ans, il était difficile d'attendre une redite de Focus. Outre l'intérêt limité d'un tel projet, la sensibilité des musiciens ne pouvaient qu'avoir évolué après tant d'années. Si la virtuosité technique, la complexité des morceaux, la voix vocodée (nettement mieux mixée sur cet opus) sont autant d'éléments toujours présents. l'agressivité elle semble avoir quasiment disparut.

Les growls ont pratiquement disparut, ne faisant que de rares apparitions bien senties. La guitare est toujours aussi efficace, les riffs percutants, mais le tout sonne plus mélodique.

Le morceau Evolutionnary Sleeper, somptueux, résume à lui seul cette nouvelle orientation : Une intro délicate qui laisse la place à un riff redoutable d'efficacité, pour un début rythmé et dynamique, avant un final tout en délicatesse, où la guitare abandonne tout agressivité, pour se faire charmeuse, enchanteresse.

Malheureusement, tout les morceaux n'offrent pas des plages apaisantes de cette qualité. Si celles de King of those who know ou The space for this font merveilles, celles d'Integral Birth sonnent plus forcées, nous faisant ici regretter que le morceau ne décolle pas plus. Mais on reste globalement, tout au long de cet album dans le très très bon, ce qu'on ne pouvait qu'espérer devant les 36 minutes seulement que durent l'album... à peine plus que la durée de certain EP. Après 15 ans d'absence, on peut dire que ça a le goût de trop peu.

Cynic n'est plus un groupe de Death (mais l'a-t-il réellement été ?), s'orientant vers un Metal Prog' mélodique et inspiré, tout en réussissant à ne rien perdre de son identité. Le spectre de Focus reste très présent, abandonnant sa fureur, et laissant éclater toute sa pureté.

Le 15/01/2011 par Irksome Dragon - 8/10