Magma... Non il ne s'agit pas ici de vous faire un cours de volcanologie, mais bien de vous parler d'une des formation les plus talentueuse de la scène Française, et même internationale. Magma c'est avant tout le projet d'un homme, Christian Vander, musicien torturé qui à tout sacrifié pour la gloire de La Musique, jusqu'au dégoût, sans jamais céder à la facilité, quitte à être incompris. Christian Vander qui plongea en dépression peu avant la sortie de cet album. Ne supportant plus de voir le public s'extasier au moindre jeu de lumière, même lorsque les musiciens exténués n'étaient pas bon. Il ne supportait pas que Magma soit devenu une marque qui à elle seule suffisait à assurer le succès, même lorsque le groupe ne se montrait pas à la hauteur de sa réputation. Cela allait à l'encontre de sa vision de la musique, il voulait être reconnue à sa juste valeur. Ce même Christian Vander qui annula l'enregistrement d'un album pourtant prêt, parce qu'il estimait que sa formation n'était pas au sommet de son potentiel.

Christian Vander était tout simplement un musicien, un vrai. Mais cette déprime lui fit quitter le groupe en pleine tournée. Une pause, qui heureusement ne dura que peu de temps, lorsque Jannick Top, ancien bassiste du groupe vint lui soumettre le morceau De Futura. Un morceau fabuleux, qui sortit Christian Vander de sa torpeur, et qui l'amena à construire tout un album autour de cette pièce.

Une des oeuvres les plus grandioses du mouvement Zeuhl (mélange de Jazz, Rock, d'avant Garde, et de choeurs mystiques), genre initié par Magma. Le morceau est mystique, obsessionnel, avec ses lignes de basses diaboliques qui se superposent à l'infini, les choeurs incantatoires qui idolâtre quelques dieux impies que Lovecraft n'aurait pas renié. Se dégage une impression de malaise avec ces synthés malfaisants, de puissance avec ces rythmiques militaires, une tension qui ne cesse de monter tout au long de cette pièce majeur jusqu'à l'apothéose, ou l'apocalypse...

La basse sur ce morceau ne se contente pas d'être une ossature rythmique, elle prend ici le rôle principal, c'est elle qui crée la mélodie, l'ambiance angoissante, et nous amène à un état de transe totalement addictif.

Le reste de l'album ? Du sur mesure, un piédestal qui sert à l'élévation du morceau phare. Après le morceau titre et sa rythmique sautillante porté par une trompette et des choeurs qui répondent à la voix de Christian Vander, dans un style jazz réjouissant ; La suite sombrera de plus en plus vers l'ambiance angoissante du dernier morceau, avec la basse et les choeurs incantatoires qui se feront de plus en plus présent. Ou encore ce synthé cosmique sur Troller Tanz, qui laissera place à une ligne de basse redoutable. Le son des synthés à pas mal vieillit, mais la musique reste terriblement efficace. Les morceaux suivants, dans la pure tradition Zeuhl, sont un véritable tremplin vers le final de l'album, De Futura donc, avec Soleil d'Ork qui enrichit son propos d'un arrière fond astucieux de flûtes, et Zombies, tout en incantation vocale, et soutenu là encore par une ligne de basse diabolique.

L'ensemble est un véritable chef d'oeuvre, entêtant, envoûtant, dérangeant même, mais dont on ne peut plus se passer dès la première écoute, totalement en admiration devant ce disque impie, qui aurait pu être la bande son des oeuvres de Lovecraft, tant il baigne dans l'occultisme.

Le 14/04/2010 par Irksome Dragon - 9/10