Dornenreich, créature hybride au sein d'un univers metal gangrené par l'attentisme de ses principaux acteurs, fait figure d'ovni musical, qui à chaque album n'hésite pas à surprendre son auditoire, explorant des voies nouvelles, avec plus ou moins de réussite, mais toujours avec authenticité.

En ce sens, In Luft Geritzt ne déroge pas à la règle. Après un Durch Den Traum métallisant, qui signait le grand retour des guitares saturantes dans la musique du duo, In Luft Geritzt amorce un virage à 180° vers une musique minimaliste. Une guitare sèche, un violon, une voix, et c'est tout. Quelques percussions légères viennent de temps en temps rythmé la musique, mais s'efface la plupart du temps devant ses trois instruments principaux.

Et pourtant, cet album rageur, violent, désespéré, mélancolique, est un album de Metal, d'une intensité folle. Les voix hurlés font quelques apparitions remarquées, le rythme parfois s'envole, la guitare se fait agressive, mais la violence de l'album reste globalement contenu, suggéré par ce violon, véritable vedette de l'album.

Là ou beaucoup de groupe Metal se contente d'utiliser le violon comme simple arrangement, pour "se la jouer", Dornenreich le place en avant, porteur de la mélodie, d'émotion, et lui donne en plus du côté mélancolique et tragique typique, une palette de sentiment inhabituel, propre au Metal.

Une guitare, un violon, une voix... et la magie s'opère, l'alchimie des instruments est totale, nous emmenant loin, très loin sur le sentier de l'émotion. La musique est infiniment poétique, d'une beauté bouleversante, mais résolument metal. C'est cette dualité, cette passion enflammée qui fascine dans cet album. Un parfait équilibre entre vulnérabilité et force, pour une musique qui s'élève, une mélodie insaisissable qui nous traverse et nous emmène, nous ballotte dans son périple vers d'autres cieux.

Dornenreich signe avec ce In Luft Geritzt leur chez d'oeuvre, un disque visionnaire, qui marque quiconque l'écoute. Une expérience musicale intense, pour un plaisir qui ne se partage pas, qui s'écoute égoïstement, isolé du reste du monde. Une oeuvre magistrale qui place Dornrenreich au sommet de la hiérarchie, loin au dessus de la mêlée qui s'envase dans leur mélodie grossière.

Le 27/04/2010 par Irksome Dragon - 9/10